review – 29 Palms (der) 2010 – by Fabrice Allard – EtherReal

29 Palms, i8u on Dragon’s Eye Recordings

i8u est le projet de France Jobin, plasticienne et musicienne canadienne qui collabore assez régulièrement avec Tomas Phillips que l’on a déjà croisé chez Dragon’s Eye Recordings. 29 Palms est une petite ville de Californie, connue pour sa situation, en plein désert des Mojaves, à proximité du parc national de Joshua Tree. C’est justement ce parc qui a servi d’inspiration à l’artiste qui y capté des sons qu’elle a ensuite sculpter de manière à créer une version sonore des lieux.

L’album est constitué d’une seule piste de 41 minutes, d’une ambient faussement linéaire, minimaliste et d’une finesse incroyable. Alors que le disque commence à tourner sur la platine, on n’entend rien. Il faut bien une dizaine de secondes pour commencer à deviner un souffle, 30 secondes pour se rendre compte que celui-ci va de pair avec un drone linéaire, l’ensemble envahissant l’auditeur d’une douceur cotonneuse. L’album possède un niveau sonore assez bas, certainement pour coller au mieux à la notion d’ambient, à une musique que l’on entend sans vraiment l’écouter, qui se fait oublier, et se rapprocher de l’ambiance de ce désert, vide et silencieux, seulement parcouru d’un brise légère.

On aura donc tendance à mettre le volume un peu plus fort que d’accoutumé afin de capter toutes les subtilités de la musique de i8u, un sifflement suraigu, de micros craquements et frétillements, ou encore l’apparition régulière de nouvelles strates sonores, un drone tantôt plat, tantôt ondulant, impliquant un certain rythme alors que d’autres éléments s’effacent. Faussement linéaire donc, donnant l’impression d’une succession de plans finalement très semblables, à l’image des horizons océaniques du photographe Hiroshi Sugimoto.
Au bout de 29mn, on entend distinctement le tintement d’un triangle dont l’artiste joue avec le résonance, à la manière d’une pulsation régulière et suraiguës. Les nappes oscillantes se font alors plus puissantes, plus denses, enveloppantes, mais on ne parlera pas pour autant de tension. Tout juste une présence affirmée, envahissante. Le désert s’est imposé.

Plages minimalistes et déserts sonores font de cet album un petit bijou pour les amateurs d’une ambient façon microsound. On conseillera tout particulièrement ce travail aux fans de Richard Chartier ou William Basinski, en attendant d’en écouter un peu plus.

Fabrice Allard
le 20/02/2011

EtherREAL