Review – ISÜ Web Art and audio-visual installation – Planète Québec

Planète Québec
http://planete.qc.ca/culture/vie/adulte/adulte-19112002-50075.html

Ellipse. L’art sur le Web***
Le Mardi le 19 novembre, 2002

Au Musée du Québec jusqu’au 1er décembre 2002. On aura accès au site Internet jusqu’au 1er décembre 2003.

Il s’agit de la première présentation d’art Web dans le contexte d’un musée québécois. L’exposition regroupe, dans le bloc cellulaire, six projets d’art Web spécifiquement commandés par le Musée du Québec à des artistes canadiens. Un catalogue est disponible.

Brad Todd – . L’interface graphique présente des pages tirées des manuscrits originaux du Spleen de Paris de Charles Baudelaire et d’À la recherche du temps perdu de Marcel Proust.

Naviguant dans le texte, le spectateur rappelle à l’écran une série de segments vidéo présentant des sites mélancoliques de la ville de Paris (cimetière, rues, statuaire urbaine, musée Grévin, maison de Gustave Moreau) par lesquels on peut s’immerger dans l’environnement visuel de ces icônes de la littérature française.

Une pièce robotique téléopérée est présentée en tandem, invitant le spectateur à participer à l’effacement quotidien d’une image photographique de Paris. On peut contrôler, sur l’Internet, un petit mécanisme robotique utilisé pour activer deux fioles remplies d’un liquide (l’une contenant un décolorant et l’autre, une teinture bleue). L’objectif est de renverser une fiole, ou les deux, sur la surface d’une image, la modifiant irrévocablement par un effacement ou une teinture se déroulant dans un espace-temps réel.

Todd produit des projets qui s’appuient sur l’Internet depuis 1997, incorporant des formes disciplinaires à base technologique comme la vidéo, l’audio et l’animation.

Yan Breuleux – Vector Feedback. Ici, vous êtes invité à créer une série d’animations abstraites en frappant sur les touches de l’ordinateur.

En « jouant » sur ces touches, nous déclenchons des changements dans les formes graphiques (carrés, lignes, cercles, motifs, etc.) Ici, une expérience psychédélique et quasi kaléidoscopique s’enracine dans ces cultures centrées sur le plaisir que sont le rave, la techno et les jeux informatiques.

En 1995, Yan Breuleux présentait sa première œuvre sur l’Internet, Deadline, dans le cadre d’une exposition sur le thème de la mort et des réseaux. Il a déjà été D.J. — et ça s’entend! Fascinant — et même un peu hallucinant!

Peter Horvath – Either Side of an Empty Room (ESER). Ici, nous survolons une série de vidéos multicouches non interactives présentées dans une composition faite de cadres qui apparaissent, se chevauchent, s’effondrent et remplissent l’espace encadré, lui aussi, de l’ordinateur. Une parfaite illustration de comment Internet… peut nous rendre fou!

Né en 1961 dans une famille d’origine hongroise, Peter Horvath a un appareil photo à la main depuis l’âge de six ans. Il a inhalé des vapeurs de chambre noire jusqu’à la fin de la vingtaine, puis s’est inscrit au Emily Carr Institute of Art & Design à Vancouver. Il s’est plongé dans les technologies numériques dès l’avènement du Web.

I8U – ISÜ. Structurée à partir de photographies et de sons recueillis dans les anciennes cellules de prison dans lesquelles elle est présentée au Musée du Québec, l’œuvre ISÜ est une animation non interactive.

Elle commence par une série de formes et de lignes abstraites qui apparaissent lentement pour révéler les composantes reconnaissables d’une cellule de prison. C’est de tout repos! L’écran géant est fixé au plafond, on le regarde couché sur un lit…

I8U a connu un parcours musical assez particulier. De la musique classique jusqu’au blues, il a suffi d’une rencontre fortuite avec David Kristian pour qu’elle s’engage dans la musique électronique.

Ses CD ont été produits par des labels canadiens et européens. Elle présente fréquemment des performances solo.

Stephanie Shepherd – Échelle/Scale. Grâce à une interface présentant une carte de points connectés entre eux, nous avons accès à une série d’animations interactives illustrant des graphiques statistiques.

La navigation ludique offerte par Échelle/Scale imite les conventions d’un jeu informatique dans lequel le spectateur est invité à manipuler des images et à créer de nouveaux graphiques, donc de nouvelles données, à partir des statistiques de départ.

Stephanie Shepherd, dans sa production artistique, se concentre sur les manifestations simulées et structurelles d’environnements naturels et s’intéresse à la représentation schématique et dessinée.

Vincent Leclerc – Mémoire vive. Mémoire vive nous met face à un déluge d’archives numériques personnelles. Naviguant dans un espace nébuleux et indéfini — dépourvu de démarcations physiques — nous nous heurtons à une collection aléatoire et flottante de textes, d’images et de sons. Nous pouvons rapprocher ces éléments pour les inspecter de plus près et nous pouvons également les éliminer de l’écran de façon temporaire.

Au fur et à mesure que nous nous familiarisons avec les données (courriels, messages téléphoniques, photos banales), le portrait d’une personne prend forme. Nous découvrons le vécu d’un jeune homme anonyme qui n’existe que par les données flottantes qui nous sont présentées.

Natif de Québec, Vincent Leclerc occupe la fonction de Webmestre pour diverses organisations de Montréal. Il s’intéresse particulièrement aux mécanismes d’interactions entre l’être humain et la machine et aux problèmes surgissant de l’engouement naïf pour le monde du numérique.

Conférence : Art Web en mouvement avec Valérie Lamontagne, commissaire de l’événement, et les artistes Yan Breuleux, I8U, Vincent Leclerc. Samedi 23 novembre, à 14 h. Gratuit.